Les Restos du cœur de l’Ain s’inquiètent pour leur campagne de fin d’année 2023.

Les Restos du cœur de l’Ain s’inquiètent pour leur campagne de fin d’année 2023.

29 septembre 2023 1 Par Gaëlle Lanier

Situation financière délicate de l’association, surcroît de bénéficiaires, barèmes plus serrés pour les accueillir : en cette fin d’année 2023, la nouvelle campagne des Restos du cœur s’annonce difficile. Anne-Catherine Jenn, l’ex-présidente départementale de l’Ain – elle vient tout juste de céder sa place à Bertrand Guillet fait part de ses craintes et souligne la mobilisation sans faille des 750 bénévoles de l’Ain.

Dans quel état d’esprit abordez-vous la prochaine campagne 2023 des Restos du cœur de l’Ain

depuis l’alerte lancée début septembre par le président national, Patrice Douret ?

Nous savions que la nouvelle campagne démarrerait dans le dur. Au mois de juin, nous étions déjà arrivés à des chiffres de bénéficiaires atteints jusque-là en septembre-octobre. Sur le département de l’Ain, nous avons plus de 21 % d’augmentation de personnes inscrites et plus de 16 % de repas servis en plus. De plus grosses familles, davantage de gens dans un même foyer.

Quel est ce nouveau public qui fait appel aux Restos du cœur de l’Ain en 2023 ?

Des travailleurs pauvres, qui étaient sur le fil et qui, avec l’inflation, ont basculé. Il y a aussi beaucoup d’étudiants, même des élèves boursiers qui ne s’en sortent plus, de jeunes retraités dont la pension ne suffit plus. Il y a également beaucoup de familles monoparentales, de mamans seules. Et puis le public jeune, c’est environ 25 %. Cela devient alarmant.

Comment allez-vous présenter les nouveaux barèmes d’accès aux bénéficiaires ?

Les responsables de formation ont mené des réunions d’information pour donner des clés, pour avoir la bonne posture. Notre but, c’est d’accompagner ceux qui vont être en première ligne, c’est-à-dire les bénévoles inscripteurs, ceux qui d’habitude disent « on vous prend, on vous accepte » et qui vont devoir dire « non ». Ça va être, et je le dis sans que ça soit péjoratif, une nouvelle éducation à faire. Il y aura deux effets :  « un, pas sûr que ça passe et deux, si ça passe, vous aurez moins. »

Comment les bénévoles des vivent-ils ces changements ?

L’accompagnement des bénévoles pour nous, c’est ce qu’il y a de plus important. C’est presque un travail à temps plein pour certains. Ils sont là du matin au soir, 750 bénévoles dans l’Ain. Certains bénévoles comprennent que pendant un an, des efforts vont devoir être faits pour revenir à flot. D’autres nous disent : « Mais on est là pour ces gens. » Certains s’angoissent de la violence morale que cela va impliquer. Mais à un moment, nous sommes bloqués, nous n’avons plus assez pour aider.

Les dons ont-ils commencé à affluer ?

L’appel du président national a été entendu, oui. D’ailleurs nous avons reçu beaucoup de choses. Maintenant, il va falloir les utiliser intelligemment. Pas que nous. Toutes les associations ont des besoins. Les Restos du cœur n’ont pas demandé de l’aide aux particuliers. Mais ils ont demandé de l’aide aux pouvoirs publics, aux entreprises, aux grosses fortunes.

Portrait de Anne-Catherine Jenn, présidente départementale des Restos du coeur, devant des affiches de l'association et l'image de Coluche.

Anne-Catherine Jenn rappelle quelques chiffres :

« De mai 2022 au 30 avril 2023,
1 220 000 repas ont été servis dans l’Ain
à 10 400 adultes bénéficiaires et 450 bébés. »

(Photo fournie par les Restos du cœur.)


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10 Rue des Blanchisseries
01000 Bourg en Bresse

Tél. : 09 83 47 21 43

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Propos recueillis par Gaëlle Lanier


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