70 jeunes Aindinois en quête d’estime de soi
24 juillet 2025Mercredi 23 juillet, à 11 h, ils étaient une soixantaine à se retrouver au bord du lac de Nantua. Rires, accolades, regards complices… L’ambiance donne le ton de cette journée : celle des retrouvailles, trois mois après leur séjour citoyen. Entre souvenirs partagés et envie de clore l’année en beauté, cette rencontre baptisée « l’After » est bien plus qu’un moment convivial : c’est l’aboutissement d’un projet construit tout au long de l’année autour d’un thème choisi collectivement, l’estime de soi.
Une action publique pensée par et pour les jeunes
Dans le parc de Montréal-la-Cluse, les jeunes du Réseau Jeunes de l’Ain ont investi l’espace pour partager leurs réflexions avec le grand public. Au fil de l’après-midi, les stands s’animent :
- Micros-trottoirs pour recueillir la parole des passants sur l’estime de soi.
- Podcast en direct pour donner la parole aux jeunes, animateurs et invités.
- Création de supports visuels et affiches dénonçant les clichés discriminants.
- Nuage de mots coconstruit par les jeunes et les passants, invités à inscrire leur vision de l’estime de soi.
- Mur de souvenirs avec les photos du séjour citoyen d’avril.
- Arbre à compliments, où chacun pouvait inscrire un mot positif sur soi-même : une fierté, une qualité.
Autant de supports créés par les jeunes eux-mêmes, dans une logique de sensibilisation citoyenne, où chacun peut participer, réfléchir, s’exprimer.
Un engagement collectif sur toute l’année
Ce rendez-vous d’été clôt un cycle débuté lors de « l’Avant-première », un temps de rencontre qui avait réuni une soixantaine de jeunes à l’automne autour d’ateliers d’expression pour faire émerger la thématique annuelle. C’est ainsi qu’ils ont choisi ensemble de travailler sur le thème de l’estime de soi : un sujet intime, mais universel, qui les a ensuite guidés tout au long de l’année.
Coordonné par la Fédération départementale des centres sociaux de l’Ain (FDCS 01), le projet se structure autour d’un comité de pilotage, le “copil”, constitué d’une quinzaine de jeunes volontaires. Pour co-construire les temps forts du projet (séjour citoyen au printemps, actions locales, préparation des podcasts et ateliers…), ils se réunissent chaque mois pour penser, organiser, affiner les préparatifs.
Les centres sociaux partenaires — notamment Montréal-la-Cluse, Oyonnax, Nantua, Saint-Denis-lès-Bourg, Chalamont, Miribel — se sont emparé également du thème pour l’explorer à leur échelle, en menant des actions auprès de leurs jeunes, comme un fil rouge dans leurs programmations.
Terry, qui fait partie du copil, apprécie la liberté de créer le projet à leur image : « C’est vraiment un projet pour les jeunes, fait par les jeunes. On choisit nous-mêmes ce qu’on veut faire et on le met en place. Si on ne veut pas d’une activité ou qu’on veut changer de format par rapport à l’année dernière, on le fait, il n’y a pas d’obligation. L’important, c’est de traiter du sujet de la façon qui nous ressemble. »
Un séjour marquant
Temps fort de l’année : le rendez-vous annuel du séjour citoyen. Du 28 au 30 avril, les 71 jeunes du Réseau Jeunes, âgés de 13 à 17 ans, se sont réunis à Giron, dans le Haut-Bugey. Trois jours pour interroger leur rapport à soi, aux autres, au regard social. Trois jours d’ateliers, de rencontres, de créations collectives. Trois jours pour oser dire, écouter, débattre… et créer du lien avec des jeunes venus d’autres horizons.
Laetitia Douhard, chargée de mission jeunesse à la FDCS 01, témoigne : « Le thème de l’estime de soi les a beaucoup fait réfléchir. C’est un sujet plutôt complexe, qui les emmène sur le chemin de l’introspection. Le podcast a été un vrai révélateur : derrière le micro, beaucoup se sont ouverts avec une sincérité incroyable. C’était beau à voir. »
Créer du lien, faire réseau
Mais au-delà du sujet travaillé, c’est aussi l’expérience humaine qui marque. Le fait de se retrouver, de se sentir entouré, d’échanger avec d’autres jeunes venus d’horizons différents. Terry partage son ressenti : « J’adore creuser des sujets comme ça, réfléchir à des choses qu’on ne prend pas le temps de discuter au quotidien. Je sais que je suis surement un peu différent des autres jeunes de mon entourage par rapport à ça, je me sens différent en tout cas. Grâce au Réseau Jeunes, j’ai rencontré d’autres jeunes comme moi, avec qui on peut vraiment parler, mais aussi simplement pour passer des bons moments ensemble. Et au fil des années, on a créé des liens. On ne se voit que lors des rencontres du Réseau, ça fait plaisir de se retrouver à chaque fois. »
Ci-dessus, cinq jeunes qui faisaient partie du Copil. « On n’a pas seulement parlé de l’estime de soi, on en a gagné grâce au projet. L’expérience nous a donné confiance en nous, avant on ne se croyait pas capables de porter un projet comme ça et de réfléchir à ces sujets » témoignent Yoan, Tyron et Akram. Inès a surtout aimé être dans l’échange et le partage avec les autres. Pour Mila, l’expérience a changé l’image qu’elle avait d’elle-même : « je retiens en particulier un exercice où on devait noter des choses positives et négatives sur nous-mêmes. Je me suis aperçue que je pensais à beaucoup de mes défauts mais j’avais peu de choses positives qui ressortaient spontanément. En creusant et en discutant, j’en ai trouvé que je ne voyais pas vraiment avant. Ça m’a aidée à prendre confiance en moi, à être consciente de mes qualités ».
🔎 Qu’est‑ce que le Réseau Jeunes de l’Ain ?
Créé en 2012, le Réseau Jeunes de l’Ain réunit chaque année une dizaine de centres sociaux, proposant aux adolescents un parcours d’engagement citoyen : débat, création, action autour d’un thème choisi collectivement. Soutenu par la Fédération départementale des centres sociaux de l’Ain, le dispositif offre un espace d’expression, de réflexion et de mobilisation, en amont (Avant‑première), pendant (séjour citoyen) et en aval (After)*, pour renforcer le pouvoir d’agir des jeunes
*Before : avant
*After (anglais) après ; fait également référence à un regroupement festif informel après un événement principal ou une journée de travail
